Avec une éventuelle nouvelle victoire de Donald Trump, il existe un danger tangible que les États-Unis se désengagent dans leur appui militaire à l’Ukraine. Face à Vladimir Poutine, l’Union européenne pourrait se voir contrainte de renforcer considérablement son propre soutien. Un enjeu significatif, étant donné les dissensions internes qui la caractérisent.
Il existe un vieux proverbe en relations internationales : ne pas être présent à la table des négociations, c’est risquer de devenir une pièce du menu. L’histoire regorge d’exemples, et l’un des plus marquants, qui a laissé une cicatrice profonde dans la mémoire collective, concerne les Accords de Munich en 1938. Ces accords furent signés par l’Allemagne nazie, l’Italie fasciste, la France et le Royaume-Uni, scellant le démembrement d’une Tchécoslovaquie absente de cette conférence où son sort fut décidé. Le parallèle avec la situation actuelle en Ukraine est tentant, surtout quand Donald Trump prétend pouvoir mettre fin « en 24 heures » au conflit en dialoguant avec Vladimir Poutine, ce qui ne pourrait se faire que sur le dos d’une Ukraine dont 20 % du territoire reste occupé.
Il y a un réel danger que Kiev soit ignoré. De plus, les Européens eux-mêmes ne sont pas assurés d’être inclus dans ces discussions potentielles. En revanche, il est hautement probable que la Chine sous Xi Jinping, ainsi que le Qatar et la Turquie, qui ont tous joué un rôle de médiation depuis le début de la crise, participent aux pourparlers.
Pour les Ukrainiens, la guerre et la paix futurs sont des questions existentielles. Cependant, ces problématiques le sont tout autant pour les Européens qui y engagent leur crédibilité et les contours de la future frontière orientale de l’Union. Selon ce que l’on sait des grandes lignes du plan envisagé par Trump, il pourrait exiger un gel des positions, la mise en place de zones tampons, et empêcher l’Ukraine de rejoindre l’OTAN. Des « concessions inacceptables pour l’Ukraine et suicidaires pour l’Europe », comme l’a averti à juste titre Volodymyr Zelensky. Le président français a affirmé : « Rien ne devra se décider sur l’Ukraine sans les Ukrainiens, ni en Europe sans les Européens », lors de sa rencontre avec le secrétaire général de l’OTAN, le Néerlandais Mark Rutte.
Prendre en main le destin de l’Ukraine représentera donc le premier véritable défi des relations entre la future administration américaine et les « Vingt-Sept ». Pour que l’Union européenne soit en mesure de compenser un éventuel désengagement américain, elle devra surmonter ses divisions et s’engager pleinement afin de fournir le soutien nécessaire à l'Ukraine. Cela inclut le renforcement des capacités militaires, mais aussi une solidarité politique sans faille pour défendre les valeurs et la sécurité du continent. Ce défi est majeur, car il met à l'épreuve la cohésion européenne dans un contexte mondial de plus en plus instable.
La réélection de Donald Trump pourrait en effet entraîner l'Europe dans une situation où une réponse forte et unie serait nécessaire pour assurer non seulement la stabilité régionale, mais aussi son propre avenir en tant que bloc politique et économique influent. Pour ce faire, les États membres de l'UE devront intensifier leur collaboration et s'engager à augmenter les investissements dans la défense, à travers des initiatives telles que la Coopération Structurée Permanente (PESCO) et le Fonds Européen de Défense.
Alors que les États-Unis pourraient réduire leur engagement militaire dans le conflit ukrainien, l'Europe se voit contrainte de repenser son architecture de sécurité. Cela signifie non seulement renforcer ses capacités militaires, mais aussi promouvoir une stratégie de défense collective qui repose sur les valeurs communes et la solidarité entre les nations européennes. L’accent devra être mis sur le développement d’une industrie de défense européenne autonome et compétitive, afin de réduire la dépendance vis-à-vis des fournisseurs extérieurs.
La situation actuelle exige une coordination étroite entre tous les États membres pour échanger des informations, partager les ressources et garantir que les réponses apportées sont efficaces et rapides. Il s’agit notamment de renforcer les alliances existantes, comme celle de l'OTAN, tout en cherchant de nouvelles voies de coopération avec des partenaires extérieurs à l’Union européenne, qui partagent les mêmes objectifs de paix et de stabilité.
En conclusion, la réélection possible de Donald Trump pose un véritable défi pour l’Europe. Face à l'incertitude croissante et aux menaces potentielles pour la sécurité, les nations européennes doivent saisir cette opportunité pour montrer leur unité et leur détermination à défendre non seulement l'Ukraine, mais aussi l'ordre international fondé sur des règles. C’est en faisant front commun que l’Union européenne pourra mettre en œuvre les nécessaires politiques de défense et de sécurité pour protéger non seulement ses intérêts, mais aussi ceux de ses alliés stratégiques.
Il est impératif que l’Europe prenne l’initiative de façon proactive pour répondre aux défis posés par l’évolution de la scène géopolitique mondiale. Cela inclut un engagement renouvelé en faveur des partenariats transatlantiques, tout en devenant un acteur de premier plan sur la scène mondiale pour la paix et la sécurité. C’est à travers la solidarité, l’innovation et la coopération que l’Europe pourra non seulement surmonter les défis actuels, mais également établir un modèle durable de sécurité et de prospérité pour les générations futures.
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