La France, qui se distingue en Europe et dans le monde pour son expertise en valorisation des déchets textiles, fait face depuis l'été à une menace croissante venant d'Asie. Cette menace se traduit par la fermeture de nombreuses bornes de collecte gérées par des associations.
D'ici le 1er janvier 2025, les pays européens devront mettre en place une collecte séparée des textiles, semblable à celle existante pour le verre ou le papier. La France a déjà instauré un tel système depuis plusieurs années.
Sur le territoire français, plus de 47 000 conteneurs et bornes relais sont en place, permettant la collecte de 34 % des déchets textiles, selon Refashion, l'éco-organisme désigné par le gouvernement pour guider l'industrie de la mode vers une économie plus circulaire.
Néanmoins, "dans certains secteurs, des acteurs du ramassage des TLC (textiles, linge de maison et chaussures) ont cessé en partie ou totalement leurs collectes et ont enlevé des points d'apport volontaire", avertit Le Relais. Malgré cela, l'organisation assure qu'elle continuera à collecter via ses bornes.
Les fermetures sont attribuées à un "ralentissement important du marché mondial de la friperie" depuis juin 2024, selon cet acteur clé de l'économie sociale et solidaire, qui assure 50 % de la collecte française grâce notamment à ses bornes relais.
Chaque année, environ 270 000 tonnes de déchets textiles sont collectées en France, et "60 % des produits triés" sont revendus sous forme de fripes, dont 90 % à l’exportation, d'après le rapport 2023 de Refashion.
Ce marché de la friperie exportée aide les acteurs de l'économie sociale et solidaire à se financer en partie. Cependant, "les acheteurs africains se tournent vers l'achat de fripes voire de neuf en Chine", ce qui est bien moins coûteux pour ces grossistes que l'achat de seconde main européenne, explique Sandra Baldini de Refashion à l'AFP.
En Europe, "ce modèle basé sur la friperie s'épuise", affirme l'experte, qualifiant la situation de "retournement brutal du marché". Cela pourrait néanmoins être bénéfique d'un point de vue environnemental.
En effet, ces montagnes de déchets textiles exportées notamment en Afrique constituent une catastrophe écologique et sociale : une grande partie de ces déchets, qui ne trouve pas preneur en friperie sur le marché africain, finit dans des décharges à ciel ouvert ou dans des cours d'eau.
Les acteurs interrogés par l'AFP plaident pour la conservation et la valorisation de ces vêtements usagés sur le territoire, à l'instar de l'Union des Industries Textiles (UIT).
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