De Florence à Séoul, et de Santorin à Rome, certaines régions autrefois idylliques se sont transformées avec le temps en lieux de villégiature trop bondés pour être véritablement plaisants. En réaction à cette situation, la résistance s'organise.
Florence a choisi d'agir fermement. Submergée par le tourisme de masse provoquant une crise du logement sans précédent pour ses résidents, la capitale toscane a établi dix mesures pour contrer ce fléau. À compter de 2025, cette initiative prévoit d'interdire les boîtes à clés dans le centre historique. De même, les haut-parleurs employés par certains guides pour se faire entendre seront eux aussi interdits. Dès l'année prochaine, les propriétaires de locations temporaires devront obligatoirement afficher le numéro d'identification à l'extérieur des propriétés pour faciliter les contrôles. À Florence, comme à Barcelone, Amsterdam ou Venise, les graffitis anti-touristes se multiplient.
Le centre historique de la ville toscane ne peut plus "supporter sans nuire à sa valeur patrimoniale ni compromettre sa qualité de vie une présence aussi massive d'activités et de véhicules à usage touristique concentrés sur seulement 5 kilomètres carrés", justifie la municipalité sur le site officiel de la ville. En 2023, Florence, berceau de la Renaissance et haut lieu artistique, a accueilli 9 millions de touristes.
Barcelone, Amsterdam, Londres, Florence… De nombreuses métropoles européennes ont déjà engagé le combat contre la prolifération des meublés touristiques type Airbnb. Après une saison estivale intense, Athènes joint ses rangs. Dans les quartiers les plus recherchés de la capitale grecque, des banderoles hostiles à Airbnb ont été déployées. Début de semaine, le gouvernement grec a annoncé la suspension pour au moins un an des nouvelles locations dans trois quartiers du centre d’Athènes, selon Reuters.
En outre, la taxe quotidienne sur les locations de type Airbnb augmentera de 1,5 à 8 euros d’avril à octobre et de 0,5 à 2 euros pendant la basse saison touristique. D'autres mesures seront adoptées pour encourager les propriétaires à préférer des locations de longue durée, face à une crise du logement contraignant de nombreux habitants à s'éloigner en raison de prix prohibitifs.
Pour préserver ses terres agricoles, ses rizières et ses espaces naturels, les autorités indonésiennes instaurent un moratoire, susceptible de s'étendre sur dix ans, sur la construction d’hôtels, villas et boîtes de nuit dans les zones les plus achalandées de l'île. "Cet arrêt des constructions fait partie de l'effort du gouvernement pour réformer le tourisme à Bali, l'un des points d'attraction majeurs en Indonésie, afin d'améliorer la qualité des services et l'emploi tout en préservant la culture autochtone de l’île", détaille Reuters.
Dès 2023, face à l’afflux de touristes après la crise sanitaire du Covid, l’île emblématique indonésienne avait imposé une taxe de 10 dollars (environ 9 euros) à tous les étrangers entrant sur son territoire. "Les destinations à bas coût attirent souvent des touristes au budget moindre susceptibles d'engendrer divers problèmes", rapportait en mai 2023 le directeur de l'office du tourisme de Bali, Ida Bagus Agung Partha Adnyana. La taxe n’a cependant pas produit l'effet escompté.
En 2023, 3,4 millions de visiteurs ont parcouru les ruelles étroites de la plus célèbre île des Cyclades et de Grèce. Réputée pour l'enchantement de ses couchers de soleil, cette île est également courtisée par des influenceurs - particulièrement les femmes - recherchant la photo parfaite. Pour se préserver et prévenir la congestion des bateaux de croisière déversant bras dessus bras dessous chaque jour des milliers de passagers, le Premier ministre grec a annoncé le dimanche 8 septembre qu’une contribution de 20 euros serait demandée pendant la haute saison à chaque personne accostant sur les îles de Santorin et Mykonos. Les croisières sur les îles les plus populaires du pays seront aussi limitées dès l’année prochaine.
Dans une tentative de juguler l'afflux de touristes à son emblématique site, Rome prévoit de mettre en place un système de réservation pour accéder à la fontaine de Trevi. Rien n'est encore décidé mais l’idée fait son chemin dans la capitale italienne. Des créneaux horaires de réservation et un tarif symbolique de 2 euros pour entrer dans la zone sont envisagés. "Personnellement, je préconiserais l'étude d'une nouvelle forme d'accès, limitée et chronométrée, à la fontaine de Trevi", a confirmé Alessandro Onorato, conseiller municipal chargée du tourisme, au journal italien Corriere della Sera. Il est incertain que ces mesures suffisent à réguler le flux touristique.
Le charme de Dubrovnik continue d'opérer, largement renforcé par le succès de la série Game of Thrones au début des années 2010. En été, la vieille-ville devient une sorte de parc à thème au point d'être couronnée ville européenne la plus encombrée en 2024. Alors que seulement 1,200 résidents vivent à l'année dans la cité croate, la municipalité a choisi de limiter les locations de type Airbnb depuis avril. La ville souhaite également acheter plusieurs immeubles pour les louer à l'année aux habitants.
L'Asie ne demeure pas en reste. En mai dernier, la ville japonaise Fujikawaguchiko a radicalement décidé d’installer une bâche noire pour masquer une vue recherchée du mont Fuji, afin de décourager les visiteurs indisciplinés. Après avoir réussi à détourner ces touristes, la bâche anti-touristes a été retirée le 15 août, à titre d'essai.
"Des gens continuent de venir à cet endroit. Cependant, nous ne voyons plus beaucoup de personnes se précipitant brusquement dans la circulation pour traverser", constatait un représentant de la ville à l'AFP. Jusqu'à quand cela se maintiendra-t-il ?
Depuis l'Europe, le "village" historique de Bukchon Hanok, au centre de Séoul, capitale de la Corée du Sud, n'est pas la destination la plus populaire. Réputé pour ses maisons traditionnelles coréennes pittoresques et préservées, ce quartier attire des milliers de visiteurs au quotidien. Pour apaiser la colère des résidents, les autorités sud-coréennes vont imposer à partir d'octobre un couvre-feu de 10h à 17h. Les bus et cars touristiques seront progressivement interdits de circulation dans la zone.
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