Joséphine di Vincenzo, la grand-mère de Stéphanie, a pris part à une marche silencieuse en hommage à sa petite-fille, tuée quelques jours auparavant par son compagnon, à Hayange, le 26 mai 2021.
"Je reconnais les faits de meurtre qu'on me reproche, je ne peux pas les nier parce qu'il y a des vidéos": Liridon Berisa a immédiatement reconnu mardi le meurtre de sa compagne en 2021 à Hayange, lors du premier jour de son procès devant les assises de la Moselle, où ont été diffusées les images glaçantes de la vidéo-surveillance.
Âgé de 26 ans, né au Kosovo, l'homme a tué sa compagne Stéphanie Di Vincenzo sous les yeux de leur fille, un crime particulièrement sordide qui avait suscité une polémique sur le rôle de la justice et de la police: Liridon Berisa avait en effet retiré son bracelet électronique la veille des faits, sans que cela ne déclenche aucune alerte.
"Au début de mon incarcération, je n'y croyais pas. J'ai fini par accepter avec le temps le geste que j'ai fait. Je sais que je n'ai pas fait un petit geste, que j'ai pu choquer des personnes, mais je ne suis pas un voyou", a déclaré mardi l'accusé, encourant la perpétuité.
Serge Ebel, psychologue, note que l'accusé a une "faible tolérance à la frustration" et une "appétence pour les substances toxiques qui peuvent amplifier ses tendances caractérielles".
Une description qui déplaît fortement à Liridon Berisa: "Ce monsieur essaye de me faire passer pour une personne malade, je ne suis pas un psychopathe, je suis un père de famille moi ! Si ça ne va pas, je prends mes cliques et mes claques et je vous laisse débattre", menace-t-il.
Dans la nuit du 23 au 24 mai 2021, une violente dispute avait opposé Liridon Berisa à la victime à leur domicile de Hayange.
Stéphanie Di Vincenzo, âgée de 22 ans, s'était échappée par la fenêtre, affaiblie et ensanglantée. Plusieurs témoins l'avaient vue courir vers le poste de police, situé à 40 mètres de leur domicile. Mais le commissariat était fermé...
L'accusé l'avait rattrapée dans la rue et lui avait asséné plusieurs coups de couteau, devant des voisins et sous les yeux de leur fille de 3 ans. Il avait ensuite jeté son arme longue de 25 centimètres dans une poubelle avant de fuir.
Dans l'après-midi, l'enregistrement glaçant de la caméra de vidéo-surveillance du commissariat de police d'Hayange, devant lequel une partie des faits s'est déroulée, avait été projeté dans la salle d'audience.
On pouvait y voir Stéphanie Di Vincenzo tentant de repousser son agresseur mais recevant trois coups de l'accusé, muni d'une grande lame.
Questionné à l'audience sur la fermeture du commissariat de nuit, le directeur d'enquête a répondu que "n'importe quel citoyen dira que oui", un commissariat doit être ouvert 24 heures sur 24. "Si le commissariat avait été ouvert... Mais avec des si..."
Entre janvier 2018 et novembre 2020, les forces de l'ordre étaient intervenues dix fois au domicile du couple. Stéphanie Di Vincenzo souhaitait quitter son compagnon, décrit par des témoins comme "extrêmement violent, alcoolique et jaloux". Mme Di Vincenzo avait déposé plainte contre lui en novembre 2020, mais la plainte n'aurait pas été signalée au parquet.
Alors procureur de la République de Metz, Christian Mercuri avait réfuté, au lendemain du drame, tout "dysfonctionnement des services judiciaires", reconnaissant néanmoins que "dans un monde idéal", des plaintes déposées par la victime à l'encontre de son conjoint violent auraient dû être signalées au parquet.
Un rapport d'inspection lancé par plusieurs ministres n'avait relevé "aucun manquement" dans les décisions prises avant le meurtre. "L'attitude souvent déroutante de ce couple, aux confrontations suivies, parfois dans la foulée, de réconciliations, a pu conduire à une banalisation de cette situation par les services de police", était-il écrit.
Il a cependant été rappelé à l'audience mardi que Liridon Berisa, alors âgé de seulement 17 ans, avait déjà séquestré sa première petite amie, enlevée en Belgique, et qu'il menaçait de "la brûler ou de la mettre sur le trottoir". Ce qui lui avait valu une première peine de prison.
Réfugié politique, l'accusé avait par ailleurs été condamné à un an de prison pour divers délits routiers. Il avait bénéficié d'un aménagement de peine et été placé sous bracelet électronique quelques jours avant les faits. Un bracelet dont il s'était débarrassé la veille du meurtre.
Selon le rapport d'inspection, l'appareil avait souffert d'un "dysfonctionnement inexpliqué" dans la mesure où, bien qu'ayant été arraché, il n'avait déclenché "aucune alarme au centre de surveillance".
L'audience a été suspendue mardi soir et reprendra mercredi matin. Le verdict est attendu vendredi.
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