Imaginez que le plat délicat que vous aviez préparé pour vos invités brûle dans le four. Ils arrivent dans cinq minutes. Pas de panique ! Une baguette fraîche et un morceau de fromage suffiront amplement. Ce soir, ce sera à la bonne franquette. Mais quelle est l'origine de cette expression qui, à première vue, semble proche de « à la française » ? Contrairement aux apparences, elle est en fait son opposée parfaite. Le terme « franquette » dérive de « franc », qui, dans les dialectes normand et picard, signifie « libre » ou « sans contrainte ». En tant que diminutif populaire féminin, « franquette » évoque une manière de faire ou d'être dépourvue de contraintes et d'artifices.
Dès le XVIIᵉ siècle, l'expression « à la franquette » était déjà employée pour signifier « franchement, simplement », comme en témoigne l’œuvre de Molière, Le Médecin malgré lui : « Confessez à la franquette que vous êtes médecin. » Cette expression, tout en soulignant la franchise, s'oppose à « à la française », populaire au XVIᵉ siècle, qui impliquait luxe et raffinement. Alors que « à la française » célébrait les mondanités, « à la franquette » prônait une simplicité sans façons.
Avec le temps, l'idée de franchise associée à « à la franquette » a été supplantée par celle de simplicité. L'ajout de l'adjectif « bonne », au XIXᵉ siècle, marque cette évolution sémantique de l'expression. Ainsi, dans ses Correspondances, Balzac écrit : « Personne ne veut vivre à cette bonne franquette, comme papa [...] » Cette modification souligne une transition nette de la notion initiale de franchise vers une acceptation plus large de simplicité et d’authenticité.
Loading categories...
Loading...