ÉTATS-UNIS - Il laisse derrière lui des réussites diplomatiques significatives. L'ancien président américain et lauréat du prix Nobel de la paix, Jimmy Carter, est décédé le dimanche 29 décembre à l'âge de 100 ans dans sa ville natale en Géorgie, dans le sud-est des États-Unis. Alors que les hommages affluent à travers le pays et le monde entier, son héritage est célébré, et une journée de deuil national a été décrétée par Joe Biden. Les accords de Camp David constituent l'un, sinon le plus grand succès, de son unique mandat présidentiel.
Au Moyen-Orient, son nom reste associé à cette victoire, une des rares avancées diplomatiques des dernières décennies. Les accords de paix entre Israël et l'Égypte ont été conclus le 17 septembre 1978 dans la résidence présidentielle américaine de Camp David, ouvrant la voie au premier traité entre l'État hébreu et un pays arabe. Dès la création de l'État d'Israël en 1948, les voisins arabes, notamment l'Égypte, la Syrie et la Jordanie, lui déclarent la guerre, entraînant de nombreux conflits au fil des décennies. L'Égypte avait perdu le contrôle du Sinaï pendant la guerre du Kippour en 1973, mais en 1977, Anouar el-Sadate, président de l'Égypte, initie en secret des pourparlers avec Menahem Begin, chef de l'État hébreu.
Simultanément, Jimmy Carter, président des États-Unis, cherche à relancer le processus de paix au Proche-Orient. Il organise une rencontre sur le sol américain entre les deux dirigeants d'Égypte et d'Israël. Il pousse personnellement à la paix entre l'Égyptien et l'Israélien, en dépit de l'avis de ses conseillers qui jugeaient l'initiative trop risquée et les chances de succès minuscules. En septembre 1978, après plus de dix jours de discussions intenses, les accords sont signés dans la résidence présidentielle du Maryland, et les deux nations finalisent un traité de paix en 1979.
« Aucun engagement du traité de paix n'a été violé » depuis, affirmait le président américain des années plus tard, constatant que « peu ou pas de progrès réels » n'avaient été enregistrés depuis Camp David. Robert Strong, professeur à la Washington and Lee University, interrogé par l'AFP, mentionne une « avancée monumentale » pour la stabilité régionale, qui a « étonnamment survécu au temps et demeure un élément crucial de la sécurité nationale d'Israël ».
Une autre réussite diplomatique majeure fut le traité de 1977 visant à rétrocéder au Panama le contrôle complet de ce canal reliant les océans Pacifique et Atlantique. Ce pacte a résolu de manière durable un contentieux explosif pour les relations avec l'Amérique latine. Parmi ses accomplissements, ceux qui souhaitent réhabiliter son image mentionnent également la normalisation des relations avec la Chine communiste, la modernisation des forces stratégiques américaines, ainsi que les progrès dans le contrôle des armements avec l'Union soviétique.
Enfin, Jimmy Carter s'est distingué comme le président ayant fait de la défense des droits humains une priorité de la diplomatie américaine, notamment vis-à-vis des régimes militaires d'Amérique latine. Un combat qu'il a poursuivi après avoir quitté le Bureau ovale, récompensé en 2002 par le prix Nobel de la Paix. « Loin de l'image de dirigeant incompétent parfois dépeinte, Carter a accumulé plus de succès concrets en seulement quatre ans que la plupart des autres présidents en huit ans », déclarait l'historien français Justin Vaïsse en 2018 dans Foreign Policy.
Toutefois, l'humiliation des otages en Iran demeure une tache sur le bilan de Jimmy Carter. De l'aveu même de Zbigniew Brzezinski, son conseiller à la sécurité nationale décédé en 2017, « son principal revers géopolitique » fut la chute du chah d'Iran et l'avènement de la République islamique, toujours vue comme l'une des principales menaces pour Washington. Cependant, un événement spécifique ébranla sa présidence. Le 4 novembre 1979, des étudiants islamistes prendront d'assaut l'ambassade américaine à Téhéran, retenant une cinquantaine de diplomates et employés en otages.
Jimmy Carter coupe les relations avec l'Iran et lui impose un embargo commercial, mais une opération militaire pour libérer les otages échoue. La crise se prolonge pendant 444 jours, contribuant considérablement à la défaite du démocrate en 1980, à l'issue d'un seul mandat à la Maison Blanche. Elle a aussi longtemps affecté l'image de l'ex-président, tant à gauche qu'à droite.
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