La campagne pour les élections du week-end au Ghana s'est achevée jeudi avec les deux principaux candidats organisant des rassemblements à Accra (OLYMPIA DE MAISMONT).
À la veille des élections générales de samedi au Ghana, les résidents du quartier d'Odododiodio, situé au cœur de la capitale Accra, ne parlent que de deux noms : Mahamudu Bawumia, le candidat du parti au pouvoir (NPP) pour la présidence, et John Mahama, le candidat de l'opposition (NDC).
Lors du dernier scrutin présidentiel de 2020, dans des quartiers tels qu'Odododiodio, la compétition a été intense entre les deux partis, qui se sont partagé le pouvoir au Ghana de manière presque équitable depuis l'instauration de la démocratie en 1992.
Le candidat parlementaire du National Democratic Congress (NDC), le parti d'opposition, avait remporté la circonscription avec seulement quelques milliers de voix d'avance, et John Mahama était arrivé en tête du scrutin présidentiel où le sortant Nana Akufo-Addo (NPP) fut finalement réélu.
À la veille des élections présidentielle et législatives de samedi, l'économie demeure la principale préoccupation des électeurs, qui s'inquiètent d'une inflation de 23 %, d'un taux de chômage élevé et du coût de la vie après une crise économique sans précédent dont le pays se remet à peine.
Dans les rues d'Odododiodio, les discussions se poursuivent pour déterminer qui sera le mieux à même de diriger ce petit pays d'Afrique de l'ouest de 34 millions d'habitants, premier producteur d'or du continent et deuxième producteur mondial de cacao.
"Si vous allez de ce côté-ci, c'est le NPP, et si vous allez juste là, c'est le NDC, c'est divisé", déclare Emmalyn Asiamah, 21 ans, une esthéticienne qui votera pour la première fois et pour l'ancien président John Mahama.
"Nous devons voter pour le changement, ma famille est entièrement NDC", ajoute-t-elle, avant d'entonner le chant du parti, "Eyezu Eyeza", un slogan local en langue èwé se traduisant approximativement par "Bon pour la présidence et le parlement".
Non loin de là, des habitants profitent du jour férié qui précède le jour du vote en se relaxant sur des chaises dans la rue, devant une télévision diffusant "X,Y,Z", une chaîne financée par le NDC.
Samuel Laryea, 44 ans, comptable, n'a pas été dissuadé de voter pour le NPP malgré la défaite parlementaire du parti au pouvoir dans la circonscription en 2020.
"Le NDC est majoritaire ici, mais le NPP a déjà gagné par le passé", explique-t-il. "Cette fois-ci, nous avons un meilleur candidat."
En 2020, le candidat du NPP et président Nana Akufo-Addo a obtenu 44,03 % des voix dans la circonscription, contre 55,3 % pour M. Mahama, un ancien président qui a échoué à deux reprises à remporter à nouveau la magistrature suprême.
Autrefois apprécié des investisseurs pour sa stabilité politique, le Ghana a sombré dans une crise économique en 2022, provoquant un défaut de paiement et un accord avec le Fonds monétaire international pour un renflouement de 3 milliards de dollars.
Les partisans du NPP attribuent leurs malheurs économiques à la guerre en Ukraine et à la pandémie de Covid-19.
Ceux du NDC affirment que le gouvernement d'Akufo-Addo et de son vice-président Bawumia a trop dépensé en faveur de programmes sociaux et a mal géré la charge de la dette.
Économiste formé au Royaume-Uni, M. Bawumia s'est efforcé de s'éloigner de ces critiques, affirmant que les perspectives s'améliorent.
Il promet également de maintenir les politiques de gratuité de l'éducation et de la santé du NPP.
Son rival John Mahama affirme vouloir créer une "économie de 24 heures", c'est-à-dire étendre les heures de travail des entreprises pour créer plus d'emplois et augmenter la production.
Les deux candidats étant originaires du nord du Ghana - traditionnellement un bastion du NDC, mais aujourd'hui plus fragmenté - la région est considérée comme un champ de bataille clé.
Mais dans une course aussi serrée, la région du Grand Accra (sud), la plus dense en termes de voix, pourrait également être un enjeu majeur.
Assis ensemble dans l'attente des élections de samedi, Derek Nii Ayetey et Collins Nettey, deux amis du quartier, soulignent que l'économie du pays reste leur principale préoccupation.
Cependant, cela ne les empêchera pas de suivre chacun leur tradition familiale, Ayetey étant fidèle au NDC et Nettey au NPP.
"Toute la famille vote pour le NDC, c'est une question de génération", explique Ayetey à côté de son ami.
"L'économie n'est pas bonne", constate Nettey, un agent de sécurité, qui dit soutenir Bawumia "pour que l'économie s'améliore" et puisse ainsi garantir un avenir meilleur "à (sa) fille".
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