Des cornacs montent sur des éléphants après une procession religieuse précédant le festival de la Kumbh Mela à Prayagraj, en Inde, le 11 janvier 2025 (Niharika KULKARNI).
Govind Singh n'aurait raté cet événement pour rien au monde. Afin de prendre part au pèlerinage hindou de la Kumbh Mela, le plus grand rassemblement religieux de la planète, il a passé quarante heures dans un train pour rejoindre Prayagraj, au nord de l'Inde.
"Cela fait du bien d'être arrivé dans le pays des dieux", déclare cet agriculteur indien de 53 ans, originaire d'un village de l'État du Madhya Pradesh, dans le centre du pays. "Et je compte y rester aussi longtemps que les dieux me le demanderont".
Comme lui, des dizaines de milliers de fidèles ont commencé dimanche à se rassembler à Prayagraj, dans l'État de l'Uttar Pradesh, pour six semaines de bains rituels, prières et défilés divers.
L'édition 2025 de ce festival hors-norme, qui fait paraître le pèlerinage musulman du Haj - 8 millions de participants à La Mecque en 2024 - comme une petite réunion de quartier, s'annonce comme celle de tous les records.
Jusqu'au 26 février, les organisateurs attendent... 400 millions de fidèles. Quatre fois plus que lors de la précédente édition il y a douze ans.
Quelques heures avant le début officiel des festivités, lundi à l'aube, le confluent des fleuves sacrés du Gange et de la Yamuna déborde déjà de pèlerins, qui s'y pressent dans une foule bigarrée.
Peu importe les rigueurs de l'hiver indien - à peine plus de 10 degrés la nuit - les plus impatients pataugent déjà dans l'eau, plus que fraîche.
Le point culminant de la Kumbh Mela, le bain à la confluence du Gange, de la Yamuna et de la rivière mythique de Sarasvati, permet, selon la tradition hindoue, de se laver de ses péchés et de se libérer du cycle des renaissances et réincarnations.
Même si le froid fait claquer ses dents, pleurer ses yeux et trembler tous ses membres, Sunny Pratap Gaur sort de l'eau ravi d'avoir "devancé la foule" en s'immergeant avec quelques heures d'avance.
"J'ai pris des congés pour être ici", affirme ce fonctionnaire local venu de la capitale de l'Uttar Pradesh, Lucknow.
Au-delà de la zone aménagée pour les baigneurs, une file interminable de bateaux attend des dévots à transporter au Sangram, l'exact point de confluence des trois fleuves.
"Des centaines de bateliers et marins de tout l'État sont venus avec leur embarcation pour transporter les pèlerins", explique l'un d'eux, Ramheet Nishad.
Un peu en retrait des berges, une ville de bois et de ferraille a été érigée pour satisfaire les besoins essentiels des fidèles.
Restaurants, magasins, toilettes, et surtout une mer de tentes à perte de vue... Les plus fortunés ont fait dresser des modèles confortables voire luxueux, les plus modestes ont bricolé un abri de fortune sous de simples bâches.
Au milieu de la foule, des moines en saris orange - la couleur de l'hindouisme - et des ascètes au corps entièrement recouvert de cendres distribuent sans retenue les bénédictions.
Les partisans du Premier ministre ultranationaliste hindou Narendra Modi, au pouvoir depuis 2014, n'ont pas manqué l'occasion de ce rassemblement pour un prosélytisme bien plus politique.
Les murs de la ville temporaire sont ornés d'affiches qui célèbrent l’œuvre du gouvernement, avec QR code intégré pour ceux qui en voudraient des détails.
Dans les allées, la police patrouille jour et nuit pour, selon un porte-parole, "assurer une sécurité maximale" aux fidèles.
Ceux qui affluent à Prayagraj ne le font pas tous pour des raisons spirituelles. Pour certains, la Kumbh Mela n'a pas de signification religieuse, elle représente plutôt une curiosité, un événement à vivre au moins une fois dans sa vie.
"C'est une question d'atmosphère", confie Rohit Singh, 26 ans. "Tout ce monde, le fleuve, c'est vraiment un autre monde".
sai/pa/pz
FrequenceBonheur.Fr est une plateforme de nouvelles professionnelle en France. Nous vous proposons les actualités les plus récentes et intéressantes de toute la France.
Loading categories...
Loading...
