Pierre Palmade se trouve confronté à ses victimes. L'humoriste est jugé ce mercredi 20 novembre au tribunal de Melun (Seine-et-Marne) pour blessures non intentionnelles. L'un des individus affectés, Mila, âgée de 27 ans et enceinte de six mois au moment de l'événement, a perdu l'enfant qu'elle portait. Néanmoins, Pierre Palmade n'est pas inculpé pour homicide involontaire, car, selon la loi, le fœtus ne possède pas de statut juridique. Une grande part de la session devrait se concentrer sur cette controverse.
Concernant les victimes, le garçon de six ans subit des crises de panique tandis que son père a dû subir de nombreuses opérations chirurgicales et n'a pas pu reprendre son emploi. Pierre Palmade risque une peine de 14 ans de réclusion et une amende de 200 000€. Lors de l'incident, il était en état de récidive légale, ayant déjà été jugé, en été 2019, pour "usage et acquisition" de substances illicites à Paris.
À la barre, les larmes de Mila, qui a perdu son enfant à naître lors du drame, sont visibles. Après le témoignage de Yuksel, conducteur du véhicule percuté, le président lit des extraits du procès-verbal de Mila, jeune femme de 27 ans, enceinte de six mois et demi à ce moment-là.
Elle évoque les douleurs abdominales ressenties immédiatement et la souffrance de perdre cet enfant. "J'ai ressenti un vide. Une sensation d'être secouée comme dans un manège, intensément. Une fois que je me suis rendue compte que j'étais vivante, une terrible douleur abdominale s'est manifestée (...)"," raconte-t-elle dans ce PV, lu par le président.
Elle avance à la barre pour un témoignage entrecoupé de pleurs. Elle décrit ses séances de rééducation deux fois par semaine. "Aujourd'hui, j'ai une fille de deux mois. J'avais peur de la perdre elle aussi (...) La grossesse était un rappel de l'accident, je n'ai pas pu m'attacher à mon enfant pendant la grossesse..." explique-t-elle sous l'œil attentif de Pierre Palmade.
Elle explique également l'état d'esprit dans lequel elle se trouve actuellement : "Mon mari n'est pas ici car il ne souhaitait pas affronter le regard de celui qui est responsable de la mort de notre enfant (...) pour moi, c'est difficile d'être présente ici, j'ai effectué un énorme travail avec ma psychiatre", rapportent des journalistes sur place.
La jeune femme parle aussi de son mari : "Nous étions un couple très fusionnel, il a toujours été à mes côtés. Mais moi, je ne trouvais plus la force. Plusieurs fois j'ai failli partir. Je ne croyais plus en nous, en notre avenir". Elle peine à retenir ses larmes.
Elle raconte aussi ses nombreux cauchemars depuis l'accident. En outre, un passager affirme que Palmade lui a demandé de quitter les lieux de l'accident. Le président poursuit alors la lecture des dépositions des deux passagers qui étaient avec Pierre Palmade.
L'un de leurs dépositions précise que l'humoriste était sous l'effet de drogues et refusait de céder le volant à plusieurs reprises. Selon ce passager, Pierre Palmade n'était pas en état de conduire. Il continue en affirmant qu'à ses yeux, Palmade ne dépassait pas un véhicule lorsque l'accident s'est produit. Il attribue l'accident à la consommation de drogues de Pierre Palmade. Toutefois, il affirme avoir apporté secours aux blessés avant que Palmade lui demande de quitter les lieux de l'accident.
Lors de l'enquête, les deux passagers ont admis que ce n'était pas raisonnable. Cependant, Pierre Palmade n'était apparemment pas disposé à céder le volant.
Une photo montre Pierre Palmade dans une pharmacie en train d'acheter dix seringues, quatre heures avant l'accident. Le président lit aussi la déclaration d'une personne présente à une fête célébrée au domicile de l'humoriste peu avant l'accident, expliquant que Pierre s'était injecté une drogue à huit reprises ce jour-là.
Des analyses toxicologiques réalisées après l'accident ont révélé des traces de cocaïne, mais aussi d'une drogue bon marché aux effets similaires, consommée dernièrement et qui peut être injectée. Son impact est extrêmement dangereux.
À présent, Michel, 87 ans, est auditionné. Il conduisait un des véhicules impliqués et a été légèrement blessé. "Nous roulions à 50 km/h. Il n'y avait rien ! Ce que je ne comprends pas, c'est qu'il n'y avait rien ! Rien n'expliquait cet accident", avoue-t-il à la barre.
Il dit conduire beaucoup moins la nuit de peur d'un second incident. "Je ne sais pas si je retrouverai un jour ma santé d'avant", explique-t-il.
Yuksel, conducteur du véhicule percuté par Pierre Palmade, s'avance, s'appuyant sur des béquilles, il doit s'asseoir et a un bras en écharpe. Il explique ne pas se souvenir de l'accident avec précision et boîte de la jambe droite. Il a reçu 171 jours d'ITT, subi six opérations, a une prothèse et des plaques dans une jambe.
"Avant, je gagnais ma vie, j'avais des amis. Aujourd'hui, je ne peux plus faire ce genre de choses. Mon ancienne vie, c'est comme un rêve", confie-t-il. Après l'accident, l'état de son fils Devrim, présent avec lui dans la voiture le soir du drame, s'est aggravé.
Devrim, le fils de Yuksel, a redoublé son année en raison de problèmes de concentration liés à l'accident. "Il a eu de nombreuses opérations, il a des cicatrices partout et souffre continuellement", explique son père. Yuksel conclut par "Je fais confiance à la justice".
Présent, Pierre Palmade n'a pas encore parlé de l'accident, mais plusieurs journalistes décrivent son comportement. Quand on lui demande s'il accepte de comparaître pour homicide involontaire, il répond à voix basse, "non, non". Il évite de regarder les photos des voitures accidentées.
Pierre Palmade a grossi depuis l'accident à cause du traitement médical qu'il suit. Ce procès survient 21 mois après l'accident qui a bouleversé la vie de nombreuses personnes.
Le débat juridique s'articule autour du statut du fœtus, supprimant toute personnalité juridique, selon la Cour de cassation. L'avocat des victimes appelle à un changement dans la jurisprudence, mais l'avocate de Palmade argue que son client se sent responsable à titre personnel, mais cela n'est pas qualifiable juridiquement.
Ce long procès soulève des questions légales complexes tout en ravivant la douleur des victimes toujours marquées par cet accident tragique.
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