Autrefois considérée comme perdue, la calèche préférée de l'empereur François-Joseph est maintenant exposée à Vienne pour la première fois depuis octobre. Elle attire l'attention des touristes en cette période de Noël dans l'ancienne capitale impériale. À l'instar de l'austère époux de Sissi, ce fiacre ouvert d'un noir profond permettait au monarque de rester visible de ses sujets lors de ses déplacements quotidiens.
Typique de la belle époque, la calèche a intégré les collections - parmi les plus vastes au monde - du musée des carrosses situé dans le palais de la résidence d'été à Schönbrunn. Sa simplicité y contraste avec les pièces d'apparat. Le leader de la puissante dynastie des Habsbourg avait accès à un garage d'environ 600 véhicules, allant des traîneaux aux chaises à porteurs, lui permettant de choisir en fonction des occasions.
Après la chute de la monarchie austro-hongroise en 1918, seuls 100 des véhicules les plus précieux ont été préservés pour la postérité en 1922. Ces voitures auraient pu subir le même sort que les collections royales de Paris, emportées par la révolution. En 1945, le château de Vienne a été bombardé par des avions américains, mais les véhicules ont survécu.
Les Autrichiens connaissaient bien l'itinéraire de l'empereur et se massaient le long de la route dans l'espoir de lui remettre leurs lettres de doléances. "C'était dans ce type de véhicule que le peuple le voyait", une scène qui est devenue un sujet populaire sur les cartes postales et les peintures, explique à l'AFP le conservateur Mario Döberl. Cette habitude servait à la propagande, mais rendait également l'empereur vulnérable aux tentatives d'attentats. Les policiers surveillaient donc tous les 200 mètres.
Gravée dans l'histoire, cette pièce exceptionnelle, nommée Victoria, a été retrouvée en mauvais état et rouillée en 1998 dans un haras. Elle n'a récupéré son éclat d'antan qu'à la suite d'une restauration méticuleuse après vingt ans de collecte de fonds. "Un carrosse est une œuvre d'art en mouvement: de nombreux artisans, tels que des forgerons, des sculpteurs, des charpentiers et des architectes, contribuent à sa fabrication", rappelle le restaurateur d'art Matthias Manzini. "Un peu comme une Rolls Royce aujourd'hui".
Ce spécialiste faisait partie de l'équipe qui, durant deux ans et demi, a travaillé à redonner vie au fiacre favori de l'empereur, plus d'un siècle après son utilisation. Armé d'un pinceau en poils d'écureuil et de délicates feuilles d'or, il restaure actuellement les roues d'un carrosse de gala impérial, utilisé pour les couronnements et mariages.
La voiture la plus impressionnante de la collection est un corbillard à l'allure sinistre, qui a fait sensation lors de son dernier passage dans les rues de Vienne en 1989, pour les funérailles de la dernière impératrice d'Autriche, Zita. Construit en 1876, il avait été utilisé auparavant pour les obsèques de l'impératrice Élisabeth et de l'empereur François-Joseph.
Fabian Daubner, un visiteur originaire de Stuttgart, se dit impressionné par la richesse des "décorations" des carrosses et la taille imposante de certains. "C'est absolument incroyable. Lorsqu'on les voit à la télévision, on n'imagine pas que la roue est presque aussi grande que nous".
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