Le dernier quartier de lune s’éteint derrière la plateforme du Very Large Telescope (VLT), à l’Observatoire Européen Austral (ESO) de Paranal, situé dans le désert d’Atacama, à environ 1 150 km au nord de Santiago du Chili, le 21 juin 2022 (Martin BERNETTI).
L'Observatoire Européen Austral (ESO) a mis en garde jeudi contre les dangers de la pollution lumineuse associés à un ambitieux projet de fabrication d'hydrogène et d'ammoniac vert dans le nord du Chili, une région particulièrement adaptée à l'observation céleste.
"Ce projet menace la pureté du ciel au-dessus de l'Observatoire de Paranal de l'ESO dans le désert d'Atacama", avertit l'organisation intergouvernementale dans un communiqué.
À la fin décembre, AES Andes, une filiale du groupe énergétique américain AES Corporation, avait annoncé l'examen du projet à travers une étude d'impact environnemental.
Ce complexe industriel serait implanté à Taltal, dans la région d'Antofagasta, à quelques kilomètres de Paranal, où se trouve le Very Large Telescope (VLT), l'un des télescopes les plus performants mondialement, et à proximité duquel un autre, encore plus puissant, le Extremely Large Telescope (ELT), est en cours de construction.
"Les émissions de poussière durant la construction, l'augmentation des turbulences atmosphériques, et surtout la pollution lumineuse auront un effet irréversible sur les capacités d'observation astronomique", explique le directeur général de l'ESO, Xavier Barcons, dans le communiqué.
L'Observatoire de Paranal, érigé et géré par l'ESO, a été inauguré en 1999 à 2 600 mètres d'altitude, en plein désert d'Atacama, un lieu idéal pour l’astronomie en raison de son climat sec, de sa hauteur et de l'absence de nuages et de précipitations.
Le complexe fait partie du réseau d'observatoires astronomiques installés au Chili, qui comprend également le radiotélescope ALMA et le télescope optique de La Silla, également situés dans le nord du pays.
Pour Itziar de Gregorio, représentant de l'ESO au Chili, "il est crucial de considérer d'autres emplacements pour ce mégaprojet qui ne compromettent pas l'un des joyaux astronomiques les plus précieux au monde".
Interrogée, AES Andes n'a pas répondu immédiatement. À la fin décembre, l'entreprise avait précisé que son projet incluait "la production d'hydrogène et d'ammoniac vert, ainsi que le développement de l'énergie solaire, éolienne et du stockage par batteries", en ligne avec l'objectif du Chili d'augmenter la part des énergies renouvelables dans son bouquet énergétique.
En octobre 2024, une nouvelle réglementation sur la luminosité est entrée en vigueur au Chili pour, entre autres, protéger l'observation astronomique. Cette réglementation établit des limites de luminosité ou des heures maximales de fonctionnement pour les panneaux publicitaires.
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