Bénin: les femmes, "piliers incontournables" des célébrations des Vodun Days

Fêtes Annuelles du Vaudou au Bénin

Habillée de blanc et de rose, Deborah Bossou, âgée de 25 ans, mêle chant et danse aux côtés d'autres croyants dans le couvent Sakpata Zoungbodji à Ouidah, au sud du Bénin, lors des célébrations annuelles du vaudou. "Cette religion, cette culture, le vaudou, occupe une place importante dans ma vie. C'est pourquoi il était crucial que je sois présente", confie en souriant la jeune femme, ornée d'un long collier de perles blanches et de bracelets assortis.

Durant cet événement annuel de trois jours qui honore le patrimoine spirituel et culturel du Bénin et se termine samedi soir, les femmes sont souvent mises à l'honneur pendant les rites et les rencontres entre les chefs vodun (terme local pour le vaudou) et le public. Elles sont perçues comme les gardiennes de la transmission spirituelle et de la préparation des rituels du vaudou, une pratique animiste basée sur les forces de la nature et le lien avec les ancêtres.

Vodun Days 2024

Les Vodun Days, nom donné à cette célébration annuelle en 2024, attirent chaque année au début du mois de janvier des milliers de personnes venant de divers coins du monde à Ouidah, le berceau du culte vaudou.

Importance des Femmes dans le Vaudou

"Sans les femmes à l'avant de la scène et en coulisses, il n'y a ni Vodun Days, ni vaudou. Elles forment des piliers essentiels", déclare à l'AFP Dah Adoko Gbèdiga, président de l'Union des associations et organisations des religions endogènes du Bénin (UAOREB). "Nous pouvons le constater simplement en observant ce qui se passe autour de nous", poursuit cet homme de 68 ans, confortablement installé sur une chaise à proximité du temple Python où des dizaines de fidèles vaudou sont rassemblés, sous le regard des touristes.

Plusieurs femmes entrent en transe pour incarner Thron, une divinité symbolisant le bonheur et la prospérité, tandis que d'autres dansent aux rythmes des tambours joués par des hommes. "Ce sont principalement les femmes qui choisissent les vêtements que l'on porte pour ces événements. Elles occupent une place considérable dans l'organisation des rites, notamment parce qu'elles sont responsables des enseignements et de la transmission des savoirs du vaudou dans les couvents, pour petits et grands", ajoute Dah Adoko Gbèdiga.

Rôles des Femmes dans les Rites Vaudous

Selon Jean-Michel Abimbola, ministre de la Culture du Bénin, les missions confiées aux femmes dans l'organisation des rites vaudous sont "nombreuses et significatives", bien qu'elles ne puissent être toutes dévoilées en raison des règles entourant le vaudou. "Il existe des secrets connus uniquement de ceux qui ont été initiés. Mais je peux affirmer que les femmes jouent un rôle central dans le vaudou", indique à l'AFP M. Abimbola lors des festivités.

Pour être initié, il est conseillé de se rapprocher des responsables d'adeptes, visibles lors des Vodun Days grâce à leur foulard blanc. "Nous pouvons remercier les divinités pour ceux qui ne le peuvent pas, et nous agissons également comme intermédiaires entre les adeptes et les responsables vaudous", explique l'une d'entre elles, Tassi Kpomegan Gabrielle, âgée de 70 ans.

Divinités Féminines dans le Vaudou

Certaines célébrations lors du festival rendent hommage aux divinités féminines telles que Mami Watta et Sakpata, renforçant l'importance du rôle des femmes dans le vaudou et dans l'imaginaire collectif. Celles dédiées à Mami Watta, divinité aquatique représentant la mère nourricière et l'océan destructeur, ont attiré des centaines de personnes sur la plage de Ouidah.

Pour la dignitaire Suzanne Celeste Delaunay Belleville, l'importance de la femme et de ses divinités dans le vaudou n'est plus à démontrer. "La femme est présente à toutes les étapes. Du début à la fin. Même lors de rites réservés aux hommes, la femme est toujours là", confie-t-elle.

Cependant, elle regrette un manque de représentation au sein de certaines hautes instances du vaudou, notamment "parmi les dignitaires où il n'y a pas beaucoup de femmes", car selon elle, "nombre d'entre elles ont été éduquées à rester dans l'ombre, et c'est un aspect sur lequel il faut encore travailler".