François Bayrou est arrivé lundi à Mayotte, accompagné d'une importante délégation ministérielle, pour une journée intense sur l'île dévastée par le cyclone Chido. Les populations locales attendent avec impatience les réponses concrètes du gouvernement.
L'avion du Premier ministre a atterri lundi à 05H40 heure locale (03H40 à Paris) à l'aéroport de Mamoudzou. M. Bayrou est accompagné de cinq ministres, dont deux figures importantes de son gouvernement annoncées lundi : les ministres d'État Elisabeth Borne (Éducation) et Manuel Valls (Outremer).
Valérie Létard (Logement), Yannick Neuder (Santé), et Thani Mohamed Soilihi (Francophonie et Partenariats internationaux), ancien sénateur de l'île, font également partie du voyage à bord de l'avion du Premier ministre, transportant 2,5 tonnes de matériel humanitaire. Parmi ce matériel, on trouve des pastilles pour purifier l'eau, des équipements médicaux, et des fournitures pour les patients sous dialyse, selon les informations de Matignon.
Deux semaines après le passage du cyclone Chido, qui a causé la mort de 39 personnes et blessé plus de 5 600 autres, les nouvelles mesures du gouvernement sont très attendues. Les efforts pour continuer l'acheminement de l'aide, la reconstruction, l'éducation et la rentrée scolaire perturbée sont au cœur des attentes locales, selon un bilan de la préfecture de Mayotte publié dimanche.
Le cyclone, le plus dévastateur que l'île ait connu en 90 ans, a causé des dégâts considérables le 14 décembre dans le département le plus pauvre de France. Les secours travaillent d'arrache-pied pour rétablir les services essentiels tels que l'eau, l'électricité, et les réseaux de communication.
"Notre priorité impérative est de fournir des solutions concrètes aussi rapidement que possible. La solidarité ne doit pas être juste des mots, elle doit se traduire en actions concrètes", a déclaré le Premier ministre mercredi à l'AFP.
La journée a débuté à 07H15 locales (05H15 à Paris) par une visite de l'usine de dessalement de Petite Terre, suivie de celle du collège de Kaweni 2 à Mamoudzou, et de l'hôpital de campagne installé après le cyclone.
Plusieurs rencontres sont prévues avec des acteurs économiques, du monde de l'éducation, les forces de sécurité, et les élus locaux. Une cérémonie d'hommage au capitaine de gendarmerie Florian Monnier, mort en service après le passage du cyclone, est également au programme.
À la fin de cette journée, François Bayrou s'exprimera au conseil départemental avant de se rendre en soirée sur l'île de La Réunion. Cette île, située à 1 435 kilomètres, est une base logistique importante pour l'aide à Mayotte. Il poursuivra sa visite mardi matin avant de retourner sur le continent.
Le déplacement de M. Bayrou et de ses ministres intervient après celui d'Emmanuel Macron les 19 et 20 décembre, au cours duquel le président avait annoncé des mesures d'urgence initiales pour une île qui, "pendant des mois", "ne vivra pas en situation normale". M. Bayrou doit "veiller au suivi rigoureux de ces engagements", a précisé l'Élysée dimanche.
Lors de sa visite, M. Macron a été confronté à l'impatience, la colère, et le désespoir des Mahorais, qui ont souvent tout perdu. Il a été critiqué pour avoir répondu : "N'opposez pas les gens ! Si vous opposez les gens, on est perdu, car vous êtes contents d'être en France. Sinon, vous seriez 10 000 fois plus dans la misère !"
Le nouveau Premier ministre François Bayrou a été au cœur d'une première controverse en se rendant, deux jours après le cyclone, à Pau pour présider le conseil municipal de la ville dont il est le maire depuis 2014. L'annonce de la composition de son gouvernement lundi, jour décrété de deuil national, a également été critiquée.
Olivier Faure, premier secrétaire du Parti socialiste, a rappelé ces points dans une lettre ouverte, demandant "des actes" au Premier ministre. "Les habitants se sentent abandonnés et attendent des aides", écrit M. Faure, interrogeant également M. Bayrou sur "le recensement des personnes décédées".
Sur place, des collectifs citoyens mahorais exigent également "des réponses concrètes" et immédiates du Premier ministre. Dans une lettre ouverte, ils dénoncent "l'insuffisance criante des mesures" de soutien après le passage du cyclone.
Ils demandent "un plan de reconstruction rapide et structuré", la création d'un "fonds solidaire exceptionnel" pour indemniser les sinistrés, y compris ceux non assurés, et la "suppression des impôts fonciers pour l'année en cours".
Le sort de Mayotte doit faire l'objet d'un projet de loi spécial, qui pourrait être présenté lors du Conseil des ministres prévu vendredi.
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