Bassin d'Arcachon: un an après la pollution, la filière ostréicole peine à se relever

Un Métier Traditionnel au Cœur de la Tempête

Un ostréiculteur s'affaire sur les eaux d'Arcachon, en Gironde, le 18 décembre 2024. "Chez nous, les huîtres font partie de notre culture", déclare un client au marché des Capucins à Bordeaux, en commandant deux douzaines pour Noël. Il affirme être "absolument pas inquiet" malgré la pollution qui a ébranlé la filière ostréicole du bassin d'Arcachon l'année précédente.

Les ventes avaient été suspendues en pleine période festive à cause d'une épidémie de gastro-entérite causée par des huîtres contaminées au norovirus, suite à des débordements d'eaux usées après des pluies torrentielles.

Des Pertes Importantes pour les Ostréiculteurs

Dans le bassin d'Arcachon, qui produit environ 10% des huîtres consommées chaque année en France avec une production de 8 000 tonnes, les pertes ont été évaluées à 5 millions d'euros. Bien que la commercialisation ait repris à la mi-janvier, les producteurs peinent toujours à retrouver leur équilibre financier.

Anne Marquet, ostréicultrice à La Teste-de-Buch depuis dix ans, se remémore des premières semaines désastreuses, avec des ventes chutant de 50 à 70%. "À une semaine du réveillon de Noël, je constate encore une baisse marquée de la demande. L'année dernière à la même période, je remplissais au moins cinq feuilles de commandes. Cette année, j'atteins à peine la moitié", explique-t-elle.

Un Impact Durable sur la Confiance des Consommateurs

Thierry Lafon, ostréiculteur à Gujan-Mestras (Gironde), observe que la reprise a été lente car cette crise sanitaire, très médiatisée, a créé un vrai problème de confiance pour les consommateurs. Il estime avoir perdu 40% de son chiffre d'affaires.

Le président du Comité régional de la conchyliculture Arcachon-Aquitaine (CRCAA), Olivier Laban, reconnaît un "déficit d'image" pour la filière, bien qu'une reprise d'activité ait été observée depuis juillet. "À Arcachon, nous avons retrouvé un rythme presque normal mais les prix de gros se sont effondrés. Le prix de l'huître a chuté de 30% par rapport à l'année précédente", précise-t-il.

"Certains de mes collègues enregistrent des baisses de -10%, -15% d'ici la fin de l'année, d'autres encore plus. C'est un peu le reflet de l'état de l'économie française avec l'inflation et la baisse du pouvoir d'achat", ajoute-t-il.

Prévenir les Crises Futures

Selon une étude conduite en octobre pour le Comité national de la conchyliculture (CNC), 87% des Français interrogés déclaraient "avoir une grande confiance" dans la production d'huîtres, tandis que 20% s'abstenaient d'en consommer par "crainte de problèmes sanitaires".

Pour éviter la répétition d'un tel scénario, des mesures préventives ont été déployées. Depuis fin novembre, des analyses hebdomadaires de l'eau sont réalisées en sept lieux du bassin d'Arcachon, une initiative inédite.