Il y a dix ans, lorsque François Molins apparaissait sur nos écrans de télévision, c'était rarement porteur de bonnes nouvelles. En tant que procureur de la République de Paris entre 2011 et 2018, il a souvent été chargé, lors de conférences de presse retransmises en direct sur les chaînes d’information en continu, de décrire les circonstances des attentats jihadistes les plus meurtriers que la France ait connus, notamment entre le 7 janvier et le 13 novembre 2015.
Une décennie plus tard, François Molins laisse l’image d’un magistrat rassurant, qui a tenté d’expliquer l’innommable dans les moments les plus sombres. Retraité depuis 2023, mais toujours actif à travers la promotion de son livre et les cours qu’il dispense sur l’antiterrorisme, le procureur le plus célèbre de France revient, dans une interview au HuffPost, sur ce statut acquis malgré lui lors de la vague d’attentats de 2015.
« J’aurais préféré, dans l’absolu, que mon visage reste anonyme, comme il l’était, et cela me convenait bien », confie-t-il. « Mais c’est quelque chose qui faisait partie des responsabilités que j’avais à l’époque. » Parmi ces responsabilités, il y avait celle de « nommer les choses » dans les « situations de chaos ».
Lors de ses conférences de presse, considérées comme un modèle du genre, François Molins, avec son regard perçant et son accent pyrénéen, choisissait un vocabulaire précis et descriptif. Cela prêtait parfois à sourire, comme lorsqu'il parlait d'un « appartement conspiratif » pour décrire la cachette d’Abdelhamid Abaaoud, coordinateur des attentats du 13-Novembre, à Saint-Denis. « C’est une expression qui est parlante », explique-t-il aujourd’hui en souriant.
De l’attentat de « Charlie Hebdo » aux événements du 13 novembre, le procureur était souvent parmi les premières personnes à découvrir les lieux des massacres. « Ce sont des images qui ne me quitteront jamais », admet François Molins, qui affirme s’être appuyé sur un « cadre conjugal et familial sécurisant », sa « passion » pour son métier et le « courage collectif » de son équipe au parquet de Paris pour surmonter ces épreuves.
« Dans ce genre de situation, on s’aperçoit qu’on est capable de réaliser des choses qu’on n’aurait jamais pensé pouvoir accomplir. L’événement vous transcende », analyse-t-il. L’année 2015, qu’il qualifie d’« annus horribilis », lui a laissé quelques regrets. « Cela n’a pas été parfait », admet le magistrat de 71 ans, même s’il n’y a pas eu, selon lui, de « dysfonctionnement majeur ».
Face à la « spirale infernale » des attentats terroristes, « on a vraiment fait du mieux que l’on pouvait », assure-t-il. Cette période dramatique a marqué à jamais l’histoire récente de la France et laissé des traces indélébiles dans la mémoire collective.
À voir également sur Le HuffPost : Le procès de l’attaque au hachoir contre le journal satirique « Charlie Hebdo » s’ouvre ce lundi. Après la mort de Simon Fieschi, un hommage a été rendu à Luz, son collègue victime de l’attentat de « Charlie Hebdo ».
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