À l'approche du Sommet de l'économie, prévu pour le 28 novembre, auquel Grant Thornton est associé, son président Adam Nicol évalue l'humeur dominante dans les entreprises, particulièrement celles de taille intermédiaire.
Quelle est votre appréciation de l'état d'esprit des responsables au cours de cet automne 2024 ?
Le baromètre mensuel Grant Thornton-Challenges des PME-ETI montre que la confiance des dirigeants s'est sérieusement effondrée cet automne, chutant d'environ vingt points. Les chefs d'entreprise craignent d'être, une fois de plus, les principales variables d'ajustement lors des discussions autour du projet de loi de finances 2025. Ils s'inquiètent aussi de l'ampleur annoncée des augmentations des prélèvements sur les sociétés et du report de la réduction des impôts sur la production dans un contexte économique déjà tendu.
La thématique de "Réparer", à l'instar du titre du Sommet, implique-t-elle d'abord une réindustrialisation ? Oui, réparer l'industrie française est urgemment nécessaire. Entre 1970 et 2021, la part du secteur manufacturier dans le produit intérieur brut français a chuté de 23 % à 10 %, tandis que sa part dans l'emploi est passée de 29 % à 11 %. Entre 1980 et 2010, la France a vu disparaître 2 millions d'emplois industriels. Depuis 2017, il y a une tendance timide à la création de milliers de postes industriels, et les ouvertures de nouvelles usines commencent à surpasser les fermetures. Cependant, la hausse des faillites ces derniers mois pose une menace à cette tendance positive.
Considérant ces enjeux, la réindustrialisation doit-elle aller de pair avec la décarbonation ? À souligner que l'industrie française est faiblement émettrice de gaz à effet de serre. De nombreuses études montrent que produire en France est généralement plus bénéfique pour le climat que d'importer, l'exemple des véhicules électriques en est la preuve. Pour les dirigeants des entreprises de taille intermédiaire, ceci représente une opportunité de transformation de nombreux secteurs d'activité.
Mais dans quelle mesure le climat économique actuel est-il favorable aux ETI ? Il convient de rappeler que les entreprises de taille intermédiaire représentent un enjeu stratégique majeur : sur les 3 000 entreprises identifiées par l'Insee comme moteurs de l'économie française, 2 030 sont des ETI. Elles constituent un vecteur essentiel pour la croissance et le développement, leur rôle étant crucial dans la dynamisation de l'économie nationale.
Par conséquent, une politique de réindustrialisation et de soutien économique doit également intégrer une vision écologique et un engagement en faveur d'une croissance durable. Les ETI ont la capacité d'être des leaders dans l'implémentation de pratiques de production respectueuses de l'environnement. L'évolution vers une économie verte ne sera pas seulement une réponse aux attentes sociétales mais également une opportunité d'innovation et de compétitivité pour ces entreprises.
Les perspectives économiques sont toutefois assombries par plusieurs défis. La concurrence accrue à l'international, l'instabilité des prix des matières premières, et les pressions fiscales croissantes exigent des ajustements stratégiques. Les entreprises doivent aborder ces défis avec résilience et innovation, en alignant leurs stratégies commerciales sur les nouvelles attentes du marché.
La transformation numérique est aussi un impératif. Avec la digitalisation, les entreprises peuvent améliorer leur efficacité opérationnelle, accéder à de nouveaux marchés et renforcer leur compétitivité. Cependant, cela exige des investissements significatifs en technologie et formation, ce qui constitue un défi supplémentaire pour les ETI disposant de ressources limitées.
Les récentes initiatives gouvernementales visant à soutenir les ETI incluent la réduction des charges fiscales et la simplification des démarches administratives. Ces mesures sont essentielles pour libérer le potentiel de ces entreprises et leur permettre de se concentrer sur l'innovation et la croissance. Les plans de relance économique post-pandémie prennent en compte les besoins spécifiques des ETI afin d'assurer leur rôle central dans l'économie d'après-crise.
Les subventions pour la recherche et le développement, ainsi que les incitations à l'investissement dans les technologies vertes, illustrent les efforts pour encourager une transformation industrielle durable. Ces politiques visent à mettre en place un cadre favorable pour que les ETI puissent évoluer dans un environnement économique stable et prévisible.
En conclusion, l'avenir des entreprises de taille intermédiaire en France dépendra de leur capacité à s'adapter aux changements économiques, technologiques, et environnementaux. La réindustrialisation et la décarbonation constituent des axes stratégiques essentiels pour un développement durable. En s'appuyant sur la transformation numérique et le soutien gouvernemental, les ETI peuvent non seulement surmonter les défis présents, mais aussi se positionner comme des piliers pour une économie plus verte et résiliente.
Les prochaines années seront cruciales pour ces entreprises, appelées à jouer un rôle déterminant dans la relance économique du pays. En misant sur l'innovation, elles pourront saisir de nouvelles opportunités et participer à la réindustrialisation de la France, tout en intégrant les impératifs environnementaux pour bâtir un avenir plus durable.
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