Gaël Dréan, vous êtes actuellement l'un des co-meilleurs marqueurs du Top 14. Quelles sont vos impressions à ce sujet ? Personnellement, c'est satisfaisant. Toutefois, si l'on s'arrête à cela, nous ne progresserons pas beaucoup. Ces essais sont le résultat du travail d'équipe effectué chaque week-end. Donc, c'est bien, mais cela n'a pas une signification profonde. En revenant un peu en arrière, y a-t-il eu un déclic ou un moment marquant, ou bien est-ce à vos yeux une progression régulière ? Non, je pense que c'est plutôt régulier. Cela va de pair avec la manière dont le groupe évolue cette année par exemple. Donc, c'est quelque chose qui suit son cours. C'est ma troisième année ici et je pense que j'ai fait un peu mieux chaque saison. Cela continue, c'est plutôt régulier, dirais-je.
Avec un statut de meilleur marqueur, vous sentez-vous plus puissant ? Plus fort ? Non, je ne dirais pas que je me sens plus puissant. Je pense que ce sont les gens qui s'arrêtent sur ces chiffres, ces statistiques, ces essais, en quelque sorte. Je ne suis pas très différent du joueur que j'étais l'année dernière. Je pense que c'est un concours de circonstances. Cette année, peut-être que nous réussissons mieux à écarter les ballons. J'ai peut-être saisi plus d'opportunités que l'année dernière, mais je ne me sens pas spécialement plus fort en marquant ces essais.
Concernant le jeu de l'équipe, le manager Pierre Mignoni a mentionné l'importance de "libérer les talents". Sentez-vous une évolution dans l'attaque ? Oui, je pense. Clairement. Depuis le début de saison, nous avons évolué. Au début, nous ne touchions vraiment pas beaucoup de ballons dans les couloirs, pour les ailiers. Maintenant, nous nous régalons lors de ces derniers matchs. Nous marquons beaucoup plus. Donc oui, je pense que nous bénéficions de ce travail collectif.
Une équipe avec des ailiers qui marquent est-elle le signe d'une équipe en bonne santé ? Oui, je pense qu'à domicile surtout, nous réussissons à envoyer du jeu. Nous avons obtenu trois bonus offensifs lors des derniers matchs. Donc je pense que quand nous marquons, cela signifie peut-être que nous jouons de manière plus libérée, que nous tentons plus de choses.
"Si nous continuons à faire ce que nous faisons, nous pourrions avoir de belles surprises". Vous allez affronter les Harlequins dimanche (14h). Ressentez-vous une atmosphère particulière dans cette compétition ? C'est une compétition spéciale. Le jeu est intense, avec un rythme plus soutenu. Donc, c'est sûr que nous abordons cela différemment. Mais c'est agréable de ressentir cette envie et cet engouement autour de cette compétition.
La différence est-elle réelle entre le Top 14 et la Champions Cup ? Peut-être au niveau du rythme, oui. Ensuite, sur certains matchs du Top 14, nous avons un niveau très élevé. Déjà physiquement, je pense que nous sommes dans le championnat où les contacts sont les plus intenses. Mais je pense qu'il y a des règles et un arbitrage qui font qu'en Coupe d'Europe, le jeu peut être un peu plus rapide.
À Toulon, l'enthousiasme est très fort et lié à vos performances. Pensez-vous que vous êtes en position de rêver d'un titre en fin de saison ? Je pense que c'est bien trop tôt. Par exemple, l'année dernière, nous avons connu un parcours assez catastrophique en Champions Cup. Maintenant, nous commençons très bien. Je pense qu'il ne faut pas se compliquer la vie. Et continuer sur ce que nous faisons. Normalement, si nous poursuivons dans cette voie, nous pourrions avoir de belles surprises. Donc nous verrons bien. Ici, surtout quand nous gagnons, nous nous sentons très bien. J'espère que nous continuerons sur notre bonne dynamique et qu'il nous arrivera quelque chose de sympa avec ce groupe.
Il y a une progression indéniable. Est-ce qu'il se passe quelque chose, comme le dit l'expression ? Oui, je pense que nous sommes bien. C'est une évolution qui dure depuis un moment. Nous avons un groupe qui ne change pas beaucoup depuis deux ans. Donc, nous nous connaissons de mieux en mieux. Nous travaillons sur les mêmes choses. Donc oui, nous nous sentons un peu plus forts.
Nous avons parlé de vos performances. À la fin du dernier match, de nombreux jeunes supporters toulonnais sont venus à votre rencontre pour des autographes ou récupérer un maillot. Tout va très vite pour vous ? Franchement, je n'y réfléchis pas beaucoup. Les gens ici nous soutiennent énormément. Ils sont très gentils. Comme on dit, il n'y a que des sourires, des encouragements, etc. Donc, franchement, je prends cela avec joie et sourire, cela me fait plaisir et cela leur fait plaisir. Je ne cogite pas trop. Je suis content d'être ici et je me sens très bien à Toulon.
Pensez-vous souvent à la Bretagne, vous qui êtes passé par Lorient, Plouzané et Rennes ? Oui, c'est sûr que je suis toujours tous les clubs par lesquels je suis passé. Amis, famille, j'ai beaucoup de liens là-bas. J'y retourne très souvent. Et c'est sûr que c'est une région qui me tient à cœur. Donc forcément, c'est chez moi aussi. Donc oui, j'ai un bon lien avec la Bretagne.
Il vous faut des chambres d'amis pour accueillir les Bretons à la recherche de soleil ? (Rires) Je n'ai pas forcément beaucoup de chambres d'amis ! Mais oui, j'accueille avec plaisir les Bretons qui veulent du soleil. Parce qu'ils m'accueillent en retour quand je veux rentrer aussi.
"Pierre (Mignoni) sait très bien comment me gérer". Votre coéquipier Jérémy Sinzelle a déclaré samedi dernier à votre sujet : "S’il a le boulard, on va le calmer". Avez-vous ri de cette remarque ? Oui, cela ne m'étonne pas. Et il m'a dit en plus qu'il avait dit ça. Il l'a fait exprès. Il l’a dit pour me taquiner. Nous nous entendons très bien avec 'Jérem’. De toute façon, c'est un peu notre papa. Et je pense que si un jour cela arrivait, il saurait nous recadrer. Mais cela n’arrivera pas !
Nous sommes obligés d‘évoquer l'Équipe de France avec vous. Qu'est-ce que cela représenterait et y pensez-vous ? Honnêtement, je n'y pense pas vraiment. Parce qu'aujourd'hui, nous sommes engagés dans deux compétitions avec Toulon. Nous avons des matchs importants chaque week-end. Je me concentre sur ce qui se passe à Toulon. Et j'avoue que je pense que nous avons déjà suffisamment à faire ici pour que je m'en préoccupe. Il faut déjà travailler ici.
Ça fait rêver ? Évidemment que c'est un rêve pour tout rugbyman français. Mais je ne vais pas trop m'étendre sur ce sujet car il n’y a pas grand-chose à dire. Quand on évoque votre cas avec Pierre Mignoni, il semble prudent et désireux de calmer le jeu. Sentez-vous que l'on cherche à vous protéger ? Je ne sais pas si on veut me protéger ou pas. Après, je n'ai pas vraiment besoin qu'on me gère. Il n'y a pas de mesures spéciales mises en place. Pierre sait ce qu'il fait. J'ai confiance en lui.
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