La suggestion avancée par Daniel Riolo, mercredi dans l'émission "After Foot" sur RMC, a généré de vives réactions : créer, à la fin de l'ère DAZN, une chaîne exclusivement dédiée au football, regroupant toutes les compétitions de football en France.
Ce projet inclurait dans le détail : la Ligue 1, la Ligue 2, une éventuelle Ligue 3 (actuellement le National), ainsi que le football féminin et les Coupes (Coupe de France, Trophée des Champions), voire les équipes de France jeunes. "Il faudrait pour cela que la FFF et la LFP travaillent ensemble", précisait Riolo, envisageant également d'inclure des diffusions de matchs anciens et des reportages autour du football français.
L'objectif visé est de sortir le football français de sa crise des droits télévisuels qui affecte tous les niveaux de l'univers du football. Mais ce projet est-il réellement faisable ? Gilbert Brisbois a exploré la question en contactant des experts de la télévision payante pour connaître le coût de réalisation d'un tel projet.
"Dès le départ, ils m'ont indiqué qu'il ne faudrait pas créer une chaîne, mais plutôt une plateforme, à l'image de DAZN", entame-t-il. Il a ensuite détaillé tous les coûts associés. En commençant par la production de tous les matchs d'une saison, qui s'élèverait à 25 millions d'euros pour la Ligue 1, 10 millions pour la Ligue 2, 5 millions pour la Ligue 3 et 5 millions pour le football féminin, ainsi que 10 millions pour la Coupe de France.
La mise en place de cette plateforme coûterait 5 millions d'euros supplémentaires, auxquels il faudrait ajouter un support technique (5 millions), une rédaction (10 millions), un département marketing (1 million) et un service pour gérer les abonnements (1 million). Ainsi, le budget total pour produire une année complète de sport serait de 77 millions d'euros.
Quelles seraient les recettes générées par une telle chaîne ? Gilbert Brisbois a ensuite détaillé les revenus potentiels d'une plateforme exclusivement dédiée au football français. En proposant des abonnements à 20 euros (Daniel Riolo pense lui qu'il serait judicieux de le fixer à 25 euros : "Si tu proposes l'ensemble, tout le football, cela peut être intéressant"), et ce sur les dix mois d'une saison de football, on pourrait envisager de générer 400 millions d'euros de revenus.
"Sachant que tous les experts te disent que tu n'atteindras jamais plus de 2 millions d'abonnés. C'est le plafond historique", explique Brisbois. En déduisant ensuite les 77 millions de coûts de mise en place, cela représenterait un bénéfice de 323 millions d'euros à redistribuer ensuite aux clubs sous forme de droits télévisuels. Un montant proche de celui perçu par les clubs lors de la signature des accords DAZN-beIN Sports l'été dernier, qui s'élevait à environ 500 millions d'euros, avant de nombreux prélèvements sur ces montants bruts.
Pour cette saison, CVC prévoit de prélever 20% afin de compenser les deux premières saisons où le fonds d’investissement n’avait rien perçu des clubs professionnels. Cela pourrait représenter environ 110 à 120 millions d’euros pour cette saison de championnat. À cela s'ajoute la taxe Buffet (5% des droits), soit environ 25 millions d’euros, ainsi que les différentes subventions telles que celle versée à la FFF, qui est d'au moins 14 millions d’euros, ainsi qu’aux divers syndicats de joueurs, d'entraîneurs ou de clubs.
Les clubs de Ligue 1 pourraient donc se partager entre 300 et 350 millions d’euros. "Mais si tu fixes l'abonnement à 30 euros, à la fin, tu obtiens 523 millions", rétorque Gilbert Brisbois. "Et là, tu as beaucoup plus que ce que tu avais dans le dernier appel d'offres. En plus, il faut ajouter les droits à l'international", ajoute Daniel Riolo, qui estime que ce projet "peut commencer à être étudié sérieusement".
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