Les passionnés du Bayern Munich ont une fois de plus exprimé leur désaccord. Une semaine après avoir adressé un message sulfureux au "ploutocrate Al-Khelaïfi" lors de la rencontre avec le PSG en Ligue des champions, les fervents supporters du club munichois ont de nouveau exhibé des banderoles incisives visant le président parisien, Nasser Al-Khelaïfi. À l'occasion du huitième de finale de la Coupe d'Allemagne contre le Bayer, qui s'est soldé par une défaite (0-1), un nouveau message piquant a émergé dans l'une des tribunes de l'Allianz Arena. C'est dans la Südkurve (le kop sud, le plus fervent lors des matches) que les supporters ont libéré leur colère : "S'éloigner du virage pour séduire les adversaires du football ? Reconsidérez vos priorités, FCB. Va te faire foutre, Khelaifi. Va te faire foutre, PSG", pouvait-on lire en allemand sur des banderoles déployées sur trois étages.
Mardi dernier, les Munichois avaient déjà déployé des banderoles ciblant Nasser Al-Khelaïfi, pour dénoncer notamment un cumul des mandats : "Ministre, propriétaire de club, détenteur de droits TV, membre du comité exécutif de l'UEFA et président de l'Association Européenne des clubs, tout ça en même temps ? Le foot, c'est moi ? Va te faire foutre, Al-Khelaifi le ploutocrate !" La direction du Bayern avait dû présenter ses excuses le lendemain.
Ce duel qui dure depuis plus de sept ans n'est pas étranger aux deux interventions récentes contre le PSG et son président. Les fans bavarois ont déjà critiqué le dirigeant qatari à maintes reprises ces dernières saisons. Cette animosité envers le Qatar trouve ses origines en 2017, lorsque la marque Qatar Airways a remplacé Lufthansa, la compagnie aérienne allemande, en tant que sponsor affiché sur la manche des maillots du Bayern. Soucieux des valeurs de leur club, les supporteurs (qui détiennent 75 % du Bayern) n'ont jamais accepté cet accord, à quatre ans de la Coupe du monde organisée au Qatar. Un pays qu'ils perçoivent comme violant les droits de l'Homme.
À l'été 2023, les supporters ont finalement obtenu la résiliation du contrat entre le Bayern et Qatar Airways. Cette victoire a été saluée par beaucoup comme un triomphe des valeurs du club sur les intérêts financiers. Le partenariat, qui avait été une source constante de tension, a pris fin, apaisant quelque peu les relations entre la direction du club et ses fans. Cependant, le souvenir de cette association controversée persiste, alimentant les méfiances.
Les manifestations des dernières semaines illustrent une rupture croissante entre les supporters et certains dirigeants du football européen. Les fans du Bayern, en particulier, se sont souvent positionnés contre ce qu'ils perçoivent comme une commercialisation excessive du sport. Le message est clair : le football appartient avant tout à ceux qui le vivent et le soutiennent au quotidien. Les critiques dirigées contre Nasser Al-Khelaïfi s'inscrivent dans un contexte plus large de rejet de l'influence croissante des investisseurs étrangers dans le football européen.
Les supporters considèrent que ces investisseurs s'éloignent souvent des valeurs traditionnelles du sport, au profit d'intérêts économiques et politiques. Le cas du PSG, propriété qatarie, est emblématique de cette situation. Pour les fans du Bayern et d'autres clubs européens, la présence de dirigeants étrangers avec des liens politiques ou économiques forts suscite des inquiétudes quant à l'avenir du football.
Le football européen est en pleine mutation, avec une mondialisation croissante et une influence financière de plus en plus marquée. Les clubs autrefois dirigés par des passionnés locaux ont souvent été rachetés par des investisseurs internationaux. Cette transformation a généré des tensions entre les supporters et les dirigeants, qui doivent désormais naviguer entre les exigences financières du sport moderne et les attentes des fans fidèles.
Les supporters du Bayern ne sont pas les seuls à manifester leur mécontentement. Dans toute l'Europe, des mouvements de fans se lèvent pour défendre ce qu'ils considèrent comme l'essence du football. Ils plaident pour une plus grande transparence, une gouvernance plus participative et une répartition plus équitable des ressources.
Le débat sur l'influence étrangère dans le football n'est pas nouveau, mais il a pris de l'ampleur ces dernières années avec l'arrivée de puissants investisseurs venus d'Asie, du Moyen-Orient et d'Amérique. Si ces investissements ont permis à certains clubs de se hisser au sommet du football mondial, ils ont également suscité des débats sur la durabilité et l'impact de ces changements.
Certains défenseurs de ces changements soulignent que les investissements étrangers ont permis d'améliorer les infrastructures, d'attirer de grands talents et d'augmenter la compétitivité des championnats. Cependant, les critiques insistent sur la nécessité de préserver l'identité des clubs et des ligues, et de garantir que le football reste un sport accessible et représentatif des communautés locales.
Alors que le football européen continue d'évoluer, le défi pour les dirigeants est de trouver un équilibre entre tradition et modernité. Les supporters, acteurs incontournables de ce sport, veulent s'assurer que leur voix est entendue et que leurs clubs restent fidèles à leurs racines.
Les récentes manifestations des supporters du Bayern Munich montrent que le chemin vers cet équilibre est encore long et semé d'embûches. Toutefois, elles rappellent également l'importance du dialogue entre les fans et les dirigeants, et la nécessité d'un engagement commun pour l'avenir du football.
Ce débat sur l'identité et l'influence dans le football est crucial pour l'avenir du sport en Europe et au-delà. Le dialogue entre les parties prenantes doit se poursuivre afin de bâtir un avenir qui respecte l'héritage du football tout en s'adaptant aux réalités du XXIe siècle.
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